Maison d'Édition - Librairie indépendante
— Par Maria PAPADOPOULOS.
In his Essais, Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592), father of modern scepticism and fervent supporter of the ‘philosophy of praxis’, seems to be the first modern thinker in the footsteps of Plato to recognize the existence of Spartan philosopher-kings and philosopher-statesmen. But Montaigne goes further: he sees Sparta as a city-state of philosopher-citizens, and he distinguishes between the Spartans’ philosophical virtue and their military valour: true courage is the work of prudence – a moral and an intellectual virtue -, and of wisdom, which is recognized and proved by its ‘practice’ through living examples, experiences in everyday religious, moral, social, and civic life, rational justification and moral standing of interlinked choices on virtue and evil, happiness and sadness, joy and pain, life and death. There is a dialectical relationship between theory and praxis, words and deeds, arts and arms. The same dialectical approach is taken by Montaigne whose ‘valiant philosophy’ has a particular purpose: to teach not to fear death. In these circumstances self-knowledge (or wisdom) takes the double significance of an intellectual investigation, and at the same time a training that brings victory not over enemies in the battlefield but over time and death.
Dans ses Essais, Michel Eyquem de Montaigne (1533-1592), principal représentant du scepticisme moderne et fervent partisan de la « philosophie de la praxis», semble reconnaître parmi les premiers, comme Platon, l’existence de rois et hommes d’État-philosophes spartiates. Or Montaigne avance une vue plus hardie : pour lui, Sparte est une Cité-État constituée d’une communauté de citoyens-philosophes. Montaigne distingue entre la vertu philosophique des Spartiates et leur valeur militaire : le courage véritable est issu de la prudence – une vertu morale et intellectuelle – et de la sagesse – reconnue et prouvée sur le plan pratique par des exemples vivants, par des expériences de la vie quotidienne – religieuse, morale, sociale et civique -, par la justification rationnelle et le caractère moral des choix interconnectés, tel le choix du bon ou du mauvais, du bonheur ou du malheur, de la joie ou de la peine, de la vie ou de la mort. Il y a une relation dialectique entre théorie et praxis, entre mots et actions, entre arts et armes. C’est cette même approche dialectique que reprend Montaigne, dont la « philosophie vaillante » se concentre, en particulier, sur l’apprentissage de l’absence de peur devant la mort. À cet égard, l’apprentissage de soi (ou de la sagesse) prend une double signification : il est une investigation intellectuelle et, en même temps, un entraînement qui amène à la victoire qui engloutit non pas les ennemies sur les champs de bataille mais le temps et la mort.